Bénin – Elections : Et le Benin donna la grande leçon
Pendant plusieurs années, le Sénégal a été vu comme la vitrine de la démocratie en Afrique, talonné ou au même pied que le cap Vert et le Bénin, mais les élections dernières viennent de confirmer que ce petit pays (par la superficie) était véritablement le laboratoire d’où ressortent les grandes leçons de démocratie.
En effet, depuis les années 90 et la vague des Conférences Nationales, les Béninois n’ont cessé de montrer qu’ils n’ont pas besoin de leçons venues d’ailleurs pour leur apprendre comment se conçoit et surtout se vit une République, malgré son appartenance à une aire géographique réputée instable et ses années de direction par des militaires. Ainsi, avec Mathieu Kérékou, le pays était entré dans une ère où les frustrations se réglaient avec la carte d’électeur et non par la violence. Kérékou qui est venu au pouvoir en 1972, organisa la conférence nationale qui consacra la création d’un poste de Premier ministre, abandon de la référence « populaire » dans la dénomination du pays qui devient la République du Bénin, limitation de l’âge des candidats-présidents à 70 ans afin d’empêcher la candidature des anciens présidents Zinsou, Maga et Ahomadegbe. Malgré cette volonté affichée, il perdit l’élection présidentielle en 1991 au profit de Nicéphore Soglo avant de reprendre la présidence lors des élections de mars 1996 et d’être réélu en 2001. En 2006, le président Yayi Boni, qui était à la BOAD, est élu président jusqu’à cette année où il est remplacé par Patrice talon qui a fait face au second tour à Lionel Zinsou.
La leçon qu’il faut en prendre c’est que l’Afrique est bien mature pour gérer ses propres élections et les dérouler sans qu’il y ait de la violence. Les débats ont été matures malgré quelques tentatives de diabolisation du candidat Zinsou qui a été présenté comme le pion de l’Occident. Mais ce dernier a eu la hauteur d’esprit d’avoir appelé pour le féliciter son challenger après qu’il a constaté que l’écart qui se creusait ne pouvait être rattrapé. Ce qui est une grande choses dans un espace où les résultats sont constatés très souvent avant même la tenue des élections.
Les Béninois ont montré, après plusieurs alternances pacifiques, sans effusions de sang ou de contestations majeures, que l’ancien Dahomey pouvait, à côté du Cap vert ; être considéré comme une référence, surtout suite au recul démocratique constaté au Sénégal.
Voilà vraiment un pays qui peut être la fierté du continent.
Mamadou DRAME