Casamance- Quand l’accalmie a été confondue avec la paix
La tuerie survenue ce samedi en Casamance a surpris les Sénégalais tant la période d’accalmie a été longue. Depuis 2012, l’arrivée du Président Macky Sall au pouvoir, les armes s’étaient pratiquement tues et les populations de Casamance s’étaient habituées au train-train normal de tout citoyen dans une République digne de ce nom. Mieux, la paix semblait être revenue même si le dernier cri de cœur de l’ancien Gouverneur Saliou Sambou sur le processus il y a seulement quelques jours a eu quelque chose de prémonitoire. Il faisait remarquer qu’il fallait mettre à profit une telle accalmie pour de véritables négociations afin d’aboutir à une paix définitive. La réaction du Président Sall dans le discours à la Nation du 31 décembre a été une réponse théorique qui ne s’est pas traduite en actes connus capables de redynamiser le processus.
Malheureusement comme le dit la Présidente de la plateforme des femmes pour la paix en Casamance, ‘’accalmie n’est pas paix’’.
L’acte sauvage qui vient d’être posé par ces individus armés en dit long sur l’insécurité qui règne dans la région. Il est en effet trop tôt pour attribuer de tels actes aux éléments du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), mais la cruauté de la tuerie, les populations ciblées et le lieu où cela a été perpétré renseigne sur son caractère «politique’’ en ce sens qu’il s’agit d’un message fort adressé à ceux qui pensent qu’ils peuvent bénéficier désormais de la sécurité de l’Etat. Des coupeurs de bois ont été ainsi arrêtés et tués. On peut penser que des éléments armés ont voulu mettre fin à un trafic interdit par l’Etat et dont la perpétuation a énervé les populations locales jusqu’à les pousser à se constituer en milices locales en intelligence avec les rebelles.
Ce que ces individus oublient, c’est la Nation est un et indivisible et que personne ne peut se faire justice soi-même. Ce qui est arrivé dans la forêt de Borofaye juste à quelques kilomètres de Ziguinchor est indiscutablement une preuve de la fragilité du processus de paix et de l’insécurité latente qui règne dans la zone du fait justement de la circulation des armes.
Il est loin de remettre en cause le processus qui cependant, gagnerait à être renforcé et parachevé.
Si des individus armés peuvent faire se justice eux-mêmes à tout instant, cela montre que l’autorité de l’Etat n’est pas encore entièrement acceptée par certaines franges de la population. Il est important dès lors que parallèlement à la négociation qui doit se poursuivre, l’Etat crée les conditions optimales de la sécurisation des populations à tous les niveaux et à tout moment.
L’essentiel est de ne pas baisser la garde. La vigilance est importante car, pendant longtemps encore, il faudra redouter que ceux qui vivaient de l’économie de la guerre activent leurs réseaux et sèment la violence.
Toutefois, l’Etat ne peut, à lui seul réussir le pari de la pacification de la Casamance. Il faudrait que les populations s’y impliquent activement comme le fait la plate-forme des femmes.
Il est inadmissible que le Sud tue ses propres fils quelle que soit par ailleurs les raisons invoquées.
C’est pourquoi, cers partisans de la violence doivent être traqués jours et nuits, sans répits. Toute personne qui s’acharne sur son semblable désarmé est un lâche. Or, on ne négocie pas avec un lâche.
Assane Samb/Rewmi quotidien